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PLAN SUBJECTIF

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Le Silence des agneaux, de Jonathan Demme, offre le modèle de construction d’un plan subjectif. Clarice Sterling, une psychologue du FBI jouée par Jody Foster, pense avoir découvert la piste du tueur en série. Elle se rend dans une maison où la dernière jeune fille disparue a travaillé. Elle est reçue par un homme plutôt aimable et coopératif qui se propose de lui donner un numéro de téléphone qui pourrait l’aider dans son enquête. Clarice ne dispose encore d’aucun indice mais elle aperçoit dans la pièce un papillon, un bombyx, semblable à ceux qu’on a trouvés dans la gorge de chacune des jeunes femmes assassinées. Clarice comprend qu’elle est dans l’antre du tueur mais lui aussi a compris qu’il est démasqué. Il s’enfuit dans les profondeurs de la maison dont il coupe l’électricité. Dans l’obscurité, Clarice essaie de retrouver son chemin, elle tâtonne, pistolet au poing. Soudain, elle apparaît au spectateur dans une lumière verte, deux vignettes identifient ce plan comme étant un plan subjectif vu à travers les lunettes à infrarouge que porte le tueur qui s’approche d’elle et va même jusqu’à la frôler de sa main. Clarice se débat dans le vide comme un papillon pris au piège. Les plans subjectifs qui suivent la jeune femme forcent les spectateurs à emprunter le regard du monstre, mais le film est construit pour empêcher toute identification avec lui. Bien au contraire, les spectateurs sont toujours du côté de Clarice, ils sont aussi terrifiés qu’elle et les plans subjectifs qu’on leur inflige sont un véritable supplice qui porte à son comble leur identification au personnage de la jeune femme. Les spectateurs deviennent Clarice dont ils pressentent et redoutent la mort imminente.

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